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LES FLEUVES
ET RIVIERES
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Vous passerez probablement de nombreuses
heures en pirogue ou en bateau, suivant le type d'excursion que vous
avez choisi...
La faune associée aux rivières et aux berges est généralement
plus facile à repérer que celle fréquentant l'intérieur
de la forêt, du fait du champ de vision beaucoup plus large.
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Encore faut il regarder ! Cela peut paraître évident, mais
j'ai encore en mémoire la réflexion d'une brave dame qui,
après avoir dormi pendant les neuf dixièmes d'un long
trajet en pirogue, s'était ensuite plainte de sa monotonie et
du peu de vie animale visible...
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Que pouvez vous raisonnablement
vous attendre à voir ?
De nombreux oiseaux aquatiques bien sûr, certains spectaculaires,
comme l'ibis rouge.
Mais vous pourrez également admirer certains oiseaux en vol quand
ils traversent la rivière, le vol lent des aras ou celui,
comique, des toucans. Dotés d'ailes très courtes, leur
vol est constitué de séries de battements successifs, interrompus
par un bref piqué. |
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Les fameux dauphins d'eau douce
: il en existe deux espèces :
La sotalia (sotalia fluviatilis), petit dauphin qui n'est pas
spécifique des eaux douces, mais remonte loin dans les grands
fleuves comme l'Amazone ou l'Orénoque.
Le vrai dauphin d'eau douce ''inia geoffreyensis'' : c'est un
dauphin primitif ,avec un museau très allongé et des yeux
minuscules. Comme tous les dauphins il s'oriente et chasse par échos
sonar. Il ne fréquente que les eaux douces.
Pour les distinguer regardez leur dos. La sotalia a un aileron dorsal
en forme de croissant, alors que celui de l'inia est peu marqué,
en forme de triangle à base large.
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La plus grande des loutres d'eau
douce, la loutre géante du Brésil (pteronura brasiliensis)
vit dans la zone de l'Amazone et celle de l'Orénoque. C'est un
magnifique animal de près de 2 m de long avec la queue. Elle
capture des poissons de grande taille, j'en ai vu manger des poissons
chats de 10 kg. Elle est relativement curieuse et dans les endroits
où elle n'est pas chassée pour sa peau, il lui arrive
de s'approcher assez près des pirogues.
On m'a parlé de cas ''d'association'' entre loutres et dauphins
pour rabattre les poissons. J'ai effectivement déjà vu
des dauphins et des pteronura nager très près les uns
des autres, mais peut être étaient-ils tout simplement
sur le même banc de poissons ?
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La tortue galápago (podocnemis
sp ), peut être très fréquente par endroits.
Vous les verrez mieux en saison sèche, s'il y a beaucoup de soleil,
elles se rassemblent sur les plages et les rochers. On peut parfois
les trouver comiquement en équilibre instable sur des branches
au ras de l'eau.
La grande tortue arrau (podocnemis expansa), elle atteint 100
kg mais devient rare car impitoyablement chassée.
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Les Crocodiliens
Le plus commun est le caïman
à lunettes (caïman crocodilus)
Dans les endroits peu fréquentés, il aime lui aussi se
dorer au soleil, mais la plupart du temps il vous faudra vous contenter
d'apercevoir ses yeux orange vif, de nuit, dans le faisceau de vos lampes.
Il atteint rarement 2 mètres.
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De nombreux reptiles, comme les
tortues galapago et arrau et certains crocodiliens déposent leurs
ufs sur les plages des rivières en saison sèche.
Ils font un trou profond et bien camouflé mais, pour des yeux
avertis, sont trahis par leurs traces sur le sable
Normalement,
les amérindiens lorsqu'ils ont trouvé un nid ne prennent
qu'une partie des ufs. Ce n'est malheureusement pas le cas de
tout le monde.
Ce pillage est une des causes principales de la raréfaction de
certaines espèces.
Le caïman à lunettes, lui, dépose ses ufs dans
la forêt, derrière les berges. C'est peut être pour
cela qu'il est si abondant...
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Une des meilleures façons
de voir des singes, c'est depuis une rivière après de fortes pluies
nocturnes, particulièrement s'il y a du soleil. Les grands atèles
(ateles sp), ou singes araignées, par exemple, aiment se sécher
ainsi à la cime des grands arbres.
Les berges sont fréquentées
par les tapirs, capybaras et pacas.
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Et
puis il y a évidemment les très nombreuses espèces
de poissons (plus de 2400 en Amérique du sud) :
Certaines sont énormes, comme le célèbre arapaima
ou pirarucu (arapaima gigas ) |
Certains silures ( brachiplatystoma
sp),dépassant les 200 kg !
D'autres sont superbes. Une grande partie des poissons d'aquarium vendus
en Europe est originaire des fleuves amazoniens, comme le magnifique ''discus''(symphysodon
sp). |
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Vous n'aurez hélas qu'une chance
infinitésimale d'apercevoir le lamantin (trichechus sp ), ce curieux
herbivore aquatique. Cet énorme animal ressemblant vaguement à
un phoque a été décimé partout. Il est extrêmement
discret de surcroît, passant ses journées à s'alimenter
de jacinthes d'eau. Dans le delta de l'Orénoque, celles-ci prolifèrent
tellement à cause de la disparition des lamantins qu'elles bloquent la
navigation sur des étendues considérables.
Enfin, pour passer du règne animal au règne végétal,
les amateurs d'orchidées pourront facilement observer à
la jumelle certaines grandes espèces de lumière, comme les
cattleya.
Pour terminer avec les rivières,
parlons des ''black rivers'' et des ''brown rivers''
- Les ''brown rivers'' ont une couleur
boueuse, car elles sont chargées en limon et en matière végétale
en décomposition. C'est le cas de l'Amazone et de l'Orénoque par
exemple
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Les ''black rivers'' sont couleur thé ou café plus
on moins clair . Elles drainent des sols blancs et sableux provenant des
terrains très anciens du massif des Guyanes. (photo ci dessous) |
Ces sols sont extrêmement pauvres en minéraux. La forêt
pousse littéralement sur le sol, car il n'y a pratiquement pas
de couche fertile.
Ce qui donne la couleur café, ce sont des substances issues de
la décomposition des feuilles : les phénols et les tanins.
Ces éléments pourraient servir de protection contre les
herbivores, je dis bien pourraient, car on ne le sait pas avec certitude.
Une des hypothèses visant à expliquer la présence
d'une forte concentration de produits ''défensifs'' dans les
plantes vivant sur ce genre de sols serait qu'ils sont si pauvres qu'il
est plus ''avantageux'' pour les plantes ''d'investir'' en produits
protecteurs.
Les arbres poussent plus lentement mais sont mieux protégés.
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J'ai un peu insisté sur
ce point technique car vous entendrez dire souvent qu'il y a peu de
moustiques près des ''black rivers'' alors que les ''brown rivers
'' en sont infestées. Personnellement je n'en suis pas si sûr.
Je me suis fait dévorer au bord de certaines ''black rivers'',
et j'ai bivouaqué en maillot de bain au bord de certaines ''brown
rivers''.
En général, en forêt primaire, il y a fort peu de
moustiques, même au bord des rivières. En saison sèche,
les bivouacs sont très agréables. Il y a bien des ''poussées''
de moustiques au moment des pluies, mais rien de comparable à
ce qu'on rencontre dans les pays d'Europe du Nord en été
!
Il y a également de temps en temps, généralement
après les premières pluies, des invasions de taons. Cette
situation pénible ne dure généralement que quelques
jours. Ces mouches sont diurnes et disparaissent au coucher de soleil.
En fait, paradoxalement, il faut parfois se réfugier en forêt
pour ne pas se faire piquer !
Les zones de savane sont parfois infestées de minuscules mouches
sanguinivores. Dans certains endroits, elles sont si nombreuses qu'il
faut se protéger le visage avec une mini moustiquaire. Elles
sont absentes en milieu boisé.
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