LES PREMIERES IMPRESSIONS

La première impression, quand on se trouve au bord de la forêt, est celle d'un MUR VERT IMPENETRABLE. On a, à la fois, une impression de fouillis végétal et d'uniformité végétale...
Cette uniformité n'est qu'apparente, elle cache en fait une formidable diversité.
Il y a toutes sortes de forêts tropicales : de plaine, de montagne, inondées, etc.
Au premier coup d'œil rien ne ressemble plus à la forêt amazonienne que la forêt gabonaise ou celle de Bornéo.
En fait, elles n'ont pratiquement aucune espèce végétale ou animale en commun ! Leur similarité apparente est due au phénomène de convergence qu'engendrent des conditions climatiques similaires.

Pour simplifier, j'utiliserai la plupart du temps le terme de grande forêt.
En général, au cours de vos marches, vous vérifierez que celle-ci se présente sous deux états.

LA FORÊT PRIMAIRE : C'est le ''grand bois '' des Guyanais. C'est une forêt ancienne, qui a atteint son point d'équilibre.
La canopée formée par la corolle des arbres dominants est si dense que seule une faible partie de la lumière solaire parvient au sol. Le sous bois est clair, peu encombré et couvert de feuilles sèches.

LA FORÊT SECONDAIRE OU ''JUNGLE'' : .Elle est le résultat de la perturbation de la forêt primaire par un phénomène naturel ou d'origine humaine aboutissant à l'élimination partielle ou totale des grands arbres.
Le sol étant abondamment éclairé, il se forme un enchevêtrement inextricable d'arbustes, palmes, lianes qui rend la progression pénible et lente et l'usage de la machette obligatoire... Il y pousse souvent une espèce d'herbe coupante très désagréable.
C'est elle que vous voyez dans la plupart des films. Je suppose que pour des raisons de budget ceux ci sont réalisés près de zones habitées où la forêt a été dégradée.
Les forêts secondaires sont dominées par des espèces à croissance rapide. Très caractéristiques de ces forêts sont les diverses espèces de ''cecropia'' (le ''bois canon ''en Guyane) qui ont une croissance de plus de 5 m par an

Leur durée de vite est courte cependant, quelques dizaines d'années en général et elles sont petit à petit supplantées par des espèces dominantes à croissance plus lente.
Les forêts secondaires sont ''transitoires'', elles tendent à retourner à l'état de forêt primaire. Elles représentent le processus de régénération de la forêt primaire : un grand arbre tombe, la trouée dans la forêt permet aux d'espèces qui ont besoin de lumière de se développer…
On ne connaît pas exactement la durée de cette reconstitution, mais il s'agit certainement de plusieurs centaines d'années !
On a parfois représenté la forêt tropicale comme un grand jardin d'éden où l'homme n'a qu'à se baisser pour ramasser en abondance les fruits de la création. Rien n'est plus inexact. La forêt tropicale n'est pas un jardin, et encore moins un potager !


Les forêts tropicales sont plutôt sombres, surtout les forêts primaires. La plupart des espèces végétales ont tendance à monter vers la lumière et donc à fleurir très haut (La majorité des arbres ont un tronc droit et ne s'évasent que près de la canopée).Les fleurs des nombreuses espèces de lianes seront au-dessus de vous…
Le survol de la canopée en fleurs en fin de saison sèche, est une pure merveille.
Dans les zones secondaires il y a certes plus de fleurs, généralement de couleur rouge ou orangée (heliconia '' balisier'' ou ''oiseau de paradis'', passiflora ''fleur de la passion'') facilement visibles, mais ne vous imaginez pas y trouver l'épanouissement du printemps en Europe.

Quant aux milliers d'espèces d'orchidées, elles sont également souvent haut perchées et de petite taille. Certaines espèces fleurissent en saison des pluies, d'autres en saison sèche.
Certaines espèces, comme les spectaculaires ''cattleya'', sont abondantes en bordure de fleuve.

En ce qui concerne les fruits, n'espérez pas baser votre éventuelle ''survie'' sur leur récolte.
Il y a certes de très nombreuses espèces sylvestres mais vous subirez la dure concurrence d'une faune locale vorace et efficace : singes, perroquets et autres toucans sont tous d'actifs frugivores.
Les fruits tombés au sol ne resteront pas intacts longtemps : les agoutis, pacas et autres cochons sauvages s'en chargeront rapidement.
Les manguiers et les bananiers sont originaires d'Asie du sud est et furent importés en Amérique par les Espagnols et les Portugais. N'espérez pas en trouver en forêt, vous n'en verrez que dans les plantations

La deuxième impression : Mais ou sont les animaux ?

LA FORÊT EST SILENCIEUSE ET PARAIT……. VIDE !

Encore une fois, il ne s'agit que d'une apparence. Les animaux sont là. Ils vous voient, vous écoutent, vous sentent…
Il vous faudra beaucoup d'efforts, de patience et de chance pour les repérer à votre tour.
Une marche dans la grande forêt est un plongeon dans un mystérieux et complexe écosystème.

CE N'EST PAS UN SAFARI !

La densité végétale est telle que, même en forêt primaire, vous aurez rarement plus d'une trentaine de mètres de visibilité, et encore. Quelques mètres seulement en forêt secondaire…
Vous ne pourrez pas, comme dans les savanes africaines, vous mettre en poste d'observation avec des jumelles et observer des grands animaux à 1 km !
La faune des mammifères de la zone amazonienne est en général de petite taille, discrète et experte dans l'art du camouflage.

BIODIVERSITE ET INTERACTION :

Pour bien aborder la forêt équatoriale, il est fondamental de souligner l'importance de deux phénomènes fondamentaux qui la caractérisent : la biodiversité et l'interaction extrêmement complexe des espèces animales et végétales.

Quelques exemples édifiants de BIODIVERSITE :

dans les zones tempérées, on compte au plus une trentaine d'espèces d'arbres par hectare. Dans certaines régions d'Amazonie ont été répertoriées plus de 300 espèces pour le même espace !
en deux mois, à partir d'une petite station scientifique du parc national Manu (Pérou), un ornithologue a dénombré plus de 600 espèces d'oiseaux, soit à peu près le même nombre que dans toute l'Amérique du Nord !
sur un seul arbre d'Amazonie péruvienne on a pu dénombré plus de 40 espèces de fourmis, soit autant que dans toutes les îles britanniques !
dans le seul petit Costa Rica, il y a plus de 120 espèces de grenouilles !

INTERACTION ET INTERDEPENDANCE

Les espèces sont à la fois dépendantes et en compétition, ce qui aboutit à un équilibre fragile. L'incroyable biodiversité de la grande forêt rend cet équilibre extraordinairement complexe.
L'idée de base est que chaque espèce si modeste soit-elle a son importance dans l'équilibre général et constitue un maillon d'une chaîne immense…
Exemple :la pollinisation :
La plupart des plantes à fleur de ces régions sont totalement dépendantes des insectes, oiseaux et chauves souris pour leur survie : la densité de la grande forêt rend inefficace la pollinisation par le vent, sauf peut être pour les très grands arbres dominants.

Autre exemple : celui des fourmis coupeuses de feuilles du genre atta (plus de 200 espèces). Elles vivent en colonies comportant jusqu'à 5 millions d'individus.Elles coupent les feuilles de certains arbres (pas tous…)et les emmènent sous terre. Elles ''cultivent'' sur les feuilles un champignon dont elles se nourrissent.
Le champignon n'existe pas ailleurs dans la nature. Il peut digérer la cellulose des feuilles, ce dont la fourmi est incapable.
La fourmi ne peut pas vivre sans le champignon, qui n'existe pas sans la fourmi…
(Un grand arbre, ''hymenaea courbaril'' a développé une protection originale pour éviter d'être dépouillé de ses feuilles par les fourmis atta : il contient des éléments toxiques, non pas pour la fourmi, mais pour le champignon !)
L'impact écologique des atta est considérable. Elles arrivent à former de véritables ''autoroutes'' de 20 cm de large sur le sol. Des études ont montré qu'elles consomment à elles seules autant de feuillage que tous les vertébrés herbivores de la grande forêt.


Dernier exemple, encore plus fascinant :
Sur certains acacias vit une autre espèce de fourmi : pseudomyrmex ferruginea.
Elle attaque systématiquement tout '' visiteur'' (insecte, main humaine.) Mais aussi coupe avec ses mandibules les plantes qui commencent à pousser sur ou au-dessus de l'arbre et sont susceptibles d'affecter sa croissance.
En contrepartie, non seulement l'acacia a développé des cavités pour abriter les fourmis, mais il sécrète également un nectar pour les alimenter !
Une colonie de pseudomyrmex sur un arbre adulte peut atteindre 12000 individus…

MECANISMES DE DEFENSE ET PHENOMENES DE MIMETISME

Chaque espèce ou presque possède son prédateur, et chaque espèce a développé des moyens de défense contre son prédateur.
Avant la fuite ou la confrontation violente, un des principaux modes de défense consiste à se rendre indécelable.
C'est justement ce qui fait que vous éprouvez cette impression de vide en forêt.
Les phénomènes de mimétisme sont fascinants :
.certaines espèces se camouflent pour échapper aux prédateurs (mimétisme défensif)
.d'autres essaient de passer inaperçues des proies éventuelles (mimétisme offensif )
. souvent les deux types de mimétisme sont présents sur la même espèce…

Un parfait exemple de mimétisme défensif est donné par les phasmes, ces insectes qui ressemblent à s'y méprendre à des brindilles.

Le mimétisme n'est jamais absolu, il est toujours relatif au milieu ambiant de l'animal ou à certains de ses éléments : le pelage du jaguar par exemple, jaune ocellé de noir paraît criard sur le ciment du zoo sur lequel est allongé le fauve.
Mais dans la forêt, croyez-moi, le camouflage est très efficace.

La plupart des animaux terrestres de la grande forêt sont virtuellement indécelables S'ILS NE SONT PAS EN MOUVEMENT

Comment en sont-ils arrivés à un tel degré d'adaptation à leur milieu ambiant ?

C'est ce que tente d'expliquer la THEORIE DE L'EVOLUTION DES ESPECES développée simultanément dans la deuxième partie du 19e siècle par Charles Darwin et Alfred Russell Wallace.
Tous deux ont longuement séjourné dans la zone amazonienne et y ont trouvé de nombreuses sources d'inspiration.

Schématiquement, au sein d'une même espèce, certains individus possèdent certaines caractéristiques génétiques qui les rendent plus aptes que les autres à survivre dans un milieu similaire : par exemple, plus un animal est sombre moins il sera repérable sur un support sombre. Dès lors, les individus plus sombres que les autres auront un avantage…Etant moins susceptibles d'être vus par des prédateurs, leur nombre aura tendance à s'accroître proportionnellement, et le gène '' plus sombre'' à devenir dominant progressivement.

Cette évolution est parfois ''relativement '' rapide. Un des cas les plus connus est celui d'un papillon. Suite à la révolution industrielle du 19e siècle et les fumées qu'elle a générées, des exemplaires de cette espèce originellement gris clair sont devenus presque noirs !

En Amazonie cette adaptation peut être tout à fait fascinante :

Témoin un cas extraordinaire de mimétisme offensif : certaines petites araignées s'alimentent exclusivement de fourmis. Pour cela, leur corps a évolué pour ressembler à s'y méprendre à un de ces insectes :
-Le cephalothorax (ensemble thorax/tête caractéristique des arachnides) s'est scindé pour faire croire à l'existence d'une tête
-la première paire de pattes a perdu sa fonction ambulatoire pour simuler une paire d'antennes.
Ainsi, ces araignées peuvent passer inaperçues parmi les fourmis.

Autres cas, défensifs ceux-là, de nombreux animaux inoffensifs imitent des espèces agressives ou venimeuses
-certains papillons ressemblent à s'y méprendre à des guêpes
-certaines couleuvres imitent à la perfection la livrée spectaculaire d'une espèce de serpent corail très venimeux…

Il s'agit-là d'exemples relativement simples. Les phénomènes de mimétisme peuvent être beaucoup plus complexes dans leur relation avec le milieu ambiant.
Une étude sur les papillons au Pérou a déterminé qu'aux différentes strates de la grande forêt correspond une couleur d'aile :
-du sol à 2 m : zone ''transparente'' : ailes transparentes veinées de noir
-de 2 à 7 m : zone ''tigrée'' : ailes tigrées de jaune, marron, noir, rouge
-de 7 à 13 m : zone ''rouge'' : le rouge est dominant
-de 15 m à 30 m :zone ''bleue''
-de 30 m à la canopée : zone ''orange''

Il s'agit de tendances dominantes bien sur, cela ne veut pas dire qu'on ne trouvera pas de papillons bleus près du sol ! Mais l'hypothèse défendue, c'est que chaque ''complexe'' ou ''couleur'' correspond à un camouflage optimal du papillon en vol, en fonction de l'éclairage dans les différentes strates de la forêt.

Plus rarement, à l'opposé du mimétisme, certaines espèces ''choisissent'' délibérément d'attirer l'attention par des couleurs vives, généralement à base de jaune, d'orange et de rouge, pour avertir le prédateur du danger qu'elles représentent en cas d'attaque. Ce sont généralement des espèces vénéneuses ou venimeuses. Il s'agit dans ce cas de faire appel à la mémoire génétique de l'agresseur.

Deux splendides exemples :

-serpents corails (micrurus sp)

-grenouilles dendrodates (leur peau sécrète un venin extrêmement actif)

Malheureusement pour l'amateur de photos, serpents corails et dendrobates sont de timides créatures, qui se cachent la plupart du temps dans la litière humide de la forêt ou sous des morceaux de bois mort.

Enfin, certains batraciens, reptiles ou insectes exhibent des couleurs ''flash'', visant à ''aveugler'', c'est à dire à impressionner momentanément un agresseur et lui donner le temps de fuir. ''Agalychinis callydrias'', une petite grenouille arboricole d'Amérique centrale a ainsi de grands yeux rouges vifs. Elle se tient normalement sur les feuilles, les yeux fermés. Lorsqu'elle les ouvre, l'effet est étonnant !

Pour conclure sur le mimétisme, il y a des mystères !

Prenez le cas des grands aras, apparentés aux perroquets.
-ils sont de grande taille et très colorés
-ils font partie des rares animaux bruyants de la grande forêt. Je dirai même TRES bruyants !
Ces animaux ne faisant aucun effort pour se cacher, j'en avais personnellement conclu qu'ils n'avaient pas de prédateur. A tort ! J'ai assisté un jour au ''meurtre'' d'un de ces oiseaux par un grand aigle harpie.

Tout cela est fascinant, me direz vous, mais un peu décourageant. Il n'y a donc aucune chance d'apercevoir des animaux sauvages dans la grande forêt ?
Si, bien sûr, mais IL FAUT METTRE TOUTES LES CHANCES DE SON COTE EN APPRENANT A SE COMPORTER DE MANIERE ADEQUATE DANS LE MILIEU AMBIANT :
Vous savez maintenant qu'une marche dans la grande forêt n'a rien d'un safari.
Toute attitude passive sera sanctionnée par l'échec. Il vous faudra rester concentrés, faire de gros efforts d'attention…
Tout d'abord, il y a les HEURES PROPICES, et celles qui ne le sont pas. En pleine chaleur les animaux limitent leurs déplacements. Préférez le matin, ou la fin de l'après-midi. Les observateurs d'oiseaux le savent, il faut savoir se lever tôt.

Apprenez à utiliser tous vos sens, particulièrement l'ouïe et l'odorat. Pour toutes les raisons exposées auparavant, il est rare de localiser directement un animal par la vue.

ETRE A L'ECOUTE EST FONDAMENTAL : Tout d'abord, quelques espèces si difficiles à voir de prime abord, peuvent être localisées par leurs cris. J'ai déjà parlé des aras ; de fait, les cris discordants de tous les perroquets s'entendent d'assez loin.
Les sifflements stridents des grands toucans sont facilement reconnaissables.

Un petit oiseau, le piha hurleur (lipaugus vociferans), a un chant (si on peut dire !) très caractéristique que vous entendrez très souvent…les mâles passent les trois quarts de leur temps à appeler les femelles.

Un des sons les plus caractéristiques de la grande forêt est le cri des singes hurleurs ( alouatta sp) : Il rappelle un peu le bruit du vent lors d'une forte tempête. Ces hurlements portent à des kilomètres, et sont très impressionnants quand on est près. Ils sont dus à un genre de goitre que possèdent les singes qui fait office de caisse de résonance.


Chez les insectes le chant des innombrables espèces de cigales peut être assourdissant…
De nuit, les batraciens prennent le relais, certaines espèces peuvent vous faire passer des nuits blanches : je bivouaquais un jour sous grand arbre dans le sud du Venezuela. Peu après le coucher de soleil, commença un véritable concert de grenouilles arboricoles au-dessus de nos têtes. Un chef indien ye'kwana qui m'accompagnait se leva de son hamac, réquisitionna un jeune indien et lui montra l'arbre. Le lendemain matin, le garçon nous montra fièrement les coupables : il ne les avait pas tuées, mais les avait capturées et les avait soigneusement ligotées avec de fines lianes. Le chef lui ordonna de libérer les bestioles…. Cette petite anecdote vous donne par ailleurs une idée de la psychologie des indiens sur laquelle je reviendrai ultérieurement.

Il s'agit là de sons qui passent difficilement inaperçus. Dans la plupart des cas, il vous faudra dresser l'oreille à l'écoute de bruits tenus….Un bruissement de feuilles mortes, ce peut être un reptile sur le sol, un craquement au-dessus de vous, un singe dans un arbre.

LES AUTRES SENS

L'UTILISATION DE L'ODORAT EST EGALEMENT FONDAMENTALE

Certaines espèces dégagent des odeurs fortes, soit directement comme les cochons sauvages, soit indirectement, par leur urine, comme les singes hurleurs et les félins qui marquent ainsi leur territoire.
La seule fois où j'ai rencontre un tatou géant (priodontes maximus), espèce rare et nocturne pouvant atteindre 60 kg, je l'ai surtout entendu se traîner sur les feuilles, et senti ! .L'animal empestait, littéralement !

LA VUE

Pas la peine d'écarquiller les yeux en regardant ce qui tient lieu d'horizon, votre chance d'apercevoir directement un animal est pratiquement nulle, mais attachez-vous à repérer des traces. Quand je parle de traces je ne parle pas uniquement de marques dans le sol mais de manifestations secondaires de la présence d'animaux :
-Le feuillage qui bouge quelques mètres devant vous
-Des branches qui remuent dans un arbre en face. C'est pour cela qu'il est plus facile de voir des singes s'il n'y a pas de vent……


De la même façon, si vous passez dans un endroit où le sol est jonché de fruits, regardez bien dans les arbres et autour de vous, il y a de bonnes chances qu'un animal frugivore, mammifère ou oiseau, se cache tout près.

Corrélativement, pendant les marches :

-Evitez de parler à votre guide à tout bout de champ. C'est lui qui, la plupart du temps, arrivera à repérer les animaux que vous verrez. S'il est obligé de se retourner toutes les 30 secondes, il ne pourra pas faire son travail correctement. Il va sans dire que si de votre côté vous apercevez, entendez ou sentez quelque chose d'intéressant, il faut en faire profiter votre groupe, mais gardez les questions d'ordre général pour plus tard, au besoin notez les sur un petit carnet.

-Les marches en forêt se font généralement sur des layons étroits, en file. Votre guide doit toujours marcher en premier, car c'est lui qui est le plus à même de repérer un serpent lové sur le chemin.

-Ne vous tenez pas trop près de lui pour ne pas le gêner, surtout s'il doit utiliser fréquemment sa machette, mais ne vous positionnez pas trop loin non plus. La vision d'un animal est généralement furtive, quelques secondes ou moins (je ne parle pas des invertébrés.).

Si vous êtes trop loin on vous dira, ''je viens de voir un agouti mais il s'est échappé rapidement''
ou
''tu viens de rater un groupe d'atèles'' et autres réflexions frustrantes car vous n'aurez rien vu.

Si vous êtes nombreux, organisez des rotations entre vous pour que ce ne soient pas toujours les mêmes qui soient derrière le guide.
-Soyez patients, ne vous découragez pas, essayez de rester concentrés, même si la marche est longue. A ce sujet, je me souviens d'un guidage que j'ai effectué pendant trois jours et au cours duquel nous n'avions rien vu. Le dernier soir, j'ai proposé une marche de nuit. Même chose, rien pendant deux heures. En revenant à l'endroit où nous avions laissé notre pirogue je me trouve nez à nez avec un superbe puma, pas intimidé du tout. J'ai fait des signes désespérés vers l'arrière pour essayer d'attirer l'attention de mes compagnons de marche mais ils étaient à 50 bons mètres en train de se raconter, je suppose, leur dernier week-end à la plage. Quand ils sont arrivés à ma hauteur, l'animal avait évidemment disparu !

Mon expérience personnelle m'a montré que, dans un groupe, ce sont toujours les mêmes qui voient quelque chose et toujours les mêmes qui ne voient rien !
Rappelez-vous cependant que même avec la meilleure volonté du monde, le facteur chance est important et que le fait d'avoir payé un tour organisé ne signifie pas que la rencontre avec l'animal est garantie...

La grande forêt, c'est surtout une ambiance, c'est au zoo que vous verrez le mieux les animaux de près !